L'ambiance de notre classe d'oulpan est similaire à celle de l'école primaire de Springfield. En grande cacophonie, un cortège hétéroclite d'étudiants, américains dans leur très grande majorité, s'achemine tous les matins depuis les portiques de sécurité. Armés de nos bouquins aux couvertures aux couleurs trop vives pour sembler sérieux, on entre dans la fac, pragmatiques sous le flash sporadique des touristes présents pour la visite de groupe, en s'imaginant enfin comprendre la complexe psyché du zèbre lors d'une prochaine visite au zoo...
En Bart Simpson: notre stéréotype ambulant, notre cancre local, fanatiquement à droite et tel une insolente pile électrique vraisemblablement médiquée au Prozac depuis le berceau. Il ne semble fonctionner que flanqué de sa copine, léthargique en comparaison, très maquillée mais à demi vêtue (et encore seulement de morceaux de tissus aux couleurs pastels marqués du sigle de sa "sorority"). Ils gloussent devant ses ongles nouvellement peinturlurés au vernis goût pastèque, c'est un produit "Rak be-Israel" paraît-il. "In Israel only". On veut bien les croire.
Arrivent ensuite un peu essouflés notre vraie mormone, notre jeune (et sexy) prêtre catholique italien, nos quelques autres élèves américains l'air toujours aussi ébahi, mais surtout, nos deux religieuses orthodoxes tout droit sorties de Manhattan, aussi ferventes en féminisme qu'en judaisme, qui prèchent la prière mixte et l'étude simultanée, n'en déplaise aux plus rétrogrades.
Leur pire ennemie? En version plus diabolique de Lisa Simpson atteinte du syndrome de Jerusalem, notre petite Gardienne de la Révolution locale dont la lecture biblique peu humaniste fait frémir l'autre prétendant au trône de l'élève parfait, un Zimbabwéen étudiant a Harvard, qui la toisant de son mépris semble s'absorber complètement dans son étude de la couverture du dictionnaire. Il se redresse dans son siège au premier rang déserté, imaginant sans doute la gloire de lumière divine qui se doit de l'entourer.
En retard cette fois, suit souvent notre unique élève russe, contemplant avec un rictus satisfait les éléments du déclin de l'empire américain. Puis, une américaine chrétienne born-again qui étudie en parallèle l'arabe et s'est érigée en égérie de la cause palestinienne, une jeune fille si discrète qu'on la penserait muette, une anglo-française bobo très sympatique qui mange bio et vote PS...
En fait nous ne sommes pas un mirroir si faussé que ça de la population estivale de ce pays...
3 commentaires:
Excellent post! Je ris sous cape, je me délecte de ton style et je l'imagine bien cette classe!
Enregistrer un commentaire