19 août 2009

"Conscription? C'est au quatrième"


J'ai souvent regardé les soldates en Israel comme des images fugaces d'une vie qui aurait pu être la mienne si mes parents n'étaient jamais repartis pour la France. Est-ce que nous aurions habité au centre de Tel Aviv, une famille intello de gauche? Ou à Jérusalem, dans un quartier laïque, parents profs de fac un peu hippies? J'aurais été engagée par Tsahal à 18 ans, au sortir du lycée, en pleine intifada. Mais où, et comment?

Ce matin, je me posais la question en me rendant au Lishkat Giyus, le centre de recrutement militaire local. Troisième visite en trois semaine. Les deux premières, c'était pour obtenir un "ptor", une exemption de service, mon sésame vers la société civile. Ce matin, pour me déclarer apte et volontaire pour les corps médicaux.

De nombreux facteurs rentrent en compte dans ce genre de décision, que j'imagine difficilement compréhensible pour vous qui lisez ce blog tranquillement assis sur un canapé parisien ou sur l'herbe du Mont-Royal. Pour l'instant, le but est de commencer les démarches d'admissions au sein du programme "Atuda Refouit" (littéralement - "Réserves Médicales") qui permet d'étudier en médecine aux frais de l'armée puis de servir dans Tsahal durant 5 ans en tant que médecin. Si tant est que l'armée approuve mon recrutement cette semaine, les premières interviews ne devraient pas trop tarder...

13 août 2009

"Alors, ici, au lieu du 15, on appelle le 101..."


Chercher des collocataires à Jérusalem est un véritable casse-tête. Entre un système de transports urbains mis à mal par les travaux du tramway qui défigurent le centre-ville, des cours répartis sur deux campus, le labyrinthe des différents niveaux de rigueur religieuse, et l'ambiance générale de l'appartement, je n'ai pas fini mes recherches!

En attendant, j'ai rejoint les volontaires du Bureau Francophone de Magen David Adom (le SAMU local) qui donne en ce moment des initiations aux premiers soins pour les touristes français sur la plage de Tel Aviv. Ici, on dit "MADA" de façon presque affectueuse, pour désigner aussi bien le service que ses volontaires.


Les israéliens savent bien, que sous nos airs parfois légèrement dépenaillés, chemises d'uniformes ouvertes et pieds nus sur le sable, nous sommes présents et entrainés, répondant en quelques minutes à un simple coup de fil au 101. Les volontaires et les membres du Sherut Leumi¹ constituent l'écrasante majorité (90%) des équipes, et traitent sans distinction les populations juives, druzes et arabes. Tous se pressent souvent au sortir d'une réunion de travail ou d'un examen de fac pour rejoindre la station la plus proche, joindre une bande de copains dans une ambulance, et passer les 8 heures suivantes suspendus à la radio du central.

Pour moi, l'aventure a commencé en temps que volontaire au sein du programme international de Magen David Adom, par un cours intensif (mais très très intensif!) de 12 jours en 2007, suivi par deux mois de volontariat à Jérusalem et ses environs. Et depuis? J'ai assisté une naissance sur le bord d'une route, vu des accidents de la route inombrables, une pléthore d'attaques cardiaques, traité des patients arabes, haredim, druzes, soldats et civils, un terroriste, des citoyens, des touristes, des palestiniens, des junkies, des femmes enceintes, des gamins et des vieux... Et je suis devenue instructrice: à mon tour d'expliquer à mes khanikhim² qu'avant tout, l'important c'est d'avoir des gens avec qui vivre toutes ces choses.

1. Sherut Leumi - littéralement, le "service national", ou l'alternative civile au service militaire obligatoire en Israël pour les filles et garçons à 18 ans. Il s'adresse principalement aux jeunes filles religieuses et aux jeunes physiquement inaptes à un service actif au sein de Tsahal.
2. "khanikh" - Le khanikh est à la fois un élève, un apprenti, une recrue ou plutôt un membre d'une colonie de vacances. Le terme en hébreu se réfère au verbe "lekhanekh", ou éduquer, tout simplement! Pour les linguistes en herbe, le "kh" est guttural et se prononce ici comme le "ch" sur mot "ach" en Allemand.