20 sept. 2009

"La pluie tombe!"


Et voilà déjà une bonne chose de cette année 5770 qui commence... Une deferlante de marmaille endimanchée pour la fête a envahi la synagogue ce matin. "Il pleut! La pluie tombe!" et pour comble, les grosses gouttes qui nous avaient surpris une première fois quelques secondes samedi cette fois dévalent les rues en petits ruisseaux. Et voilà toute une communauté qui interrompt l'office pour aller s'extasier sur les dalles mouillées. Dans la tradition populaire on raconte que ce qui se passe le jour de Rosh Hashana présage du reste de l'année, mais de mémoire hiérosolomitaine on ne se rappellait pas que la pluie soit déjà arrivée si tôt!

17 sept. 2009

"Shana tova et Aid Moubarak!"


Par les hasards du calendrier lunaire, les célébrations de Rosh HaShana (littéralement, la tête de l'année) coincident cette année avec celles de l'Aid El-Fîtr qui cloture le mois du Ramadan! Les appels du muezin à la prière résonnent dans nos classes depuis les villages arabes qui bordent la barrière de sécurité et entourent le campus de l'université hébraïque.

La foule dans Makhane Yehuda, le shouk situé à l'Ouest de la ville, aujoud'hui.

L'atmosphère est assez fébrile, chacun vaque à ses préparatifs. Les mères arabes se pressent dans les rues de la vieille ville où les feuilles de vignes, dates et patisseries orientales s'arrachent à prix d'or. Dans Makhane Yehuda, les passants jaugent les grenades enfin mûres, comparent les miels et emplissent leurs cabas de pommes. La nouvelle année sera douce, à grand renfort de produits sucrés! Les marchands affichent en toutes lettres les prix des très symboliques têtes de poissons, et les chats attendent d'un air morne un client qui leur laisse enfin un morceau à se mettre sous la dent...


En nous souhaitant une année de paix toute douce et sucrée! Shana tova!


15 sept. 2009

"Et je vous porterais sur les ailes d'un aigle..."


C'est une tragédie israélienne en deux actes. Une histoire de talent, d'avancée, de fierté nationale, d'espoirs fous, et de succès. Une histoire brutale aussi, avec une fin abrupte. Une histoire qui n'a pas son pareil dans l'ethos israélien depuis la mort en 1976 de Yoni Netanyahu durant les combats du raid sur Entebbe.

C'est d'abord l'histoire d'Ilan Ramon, pilote virtuose du raid contre la centrale nucléaire irakienne de 1981, qui devint le premier astronaute israélien, suivi religieusement par le pays tout entier. Et celle de ce matin de 2003 où les Israéliens virent s'éparpiller les débris incandescents du rêve, dans le ciel du Texas.

Mais dimanche, le drame familial des Ramon a pris une ampleur nationale. L'histoire est devenue celle d'Assaf Ramon qui, devenu pilote à son tour, a été tué par le crash de son F-16 dans les montagnes de Judée. Ce même F-16 que son père pilotait le jour du bombardement d'Osirak. Ce même Assaf Ramon que nous avions vu, en jeune cadet de l'armée de l'air, recevoir ses ailes avec honneur des mains de Shimon Peres en juin dernier.

La couverture du Yedioth Ahronot en ligne: "Le ciel est tombé par deux fois "
"6 ans après la catastrophe de la navette Columbia, Assaf Ramon, fils du pilote et de l'astronaute Ilan Ramon, est tué dans le crash de son F-16 au sud du mont Hebron"

La télévision et la radio ont suspendu leurs programmes. La Knesset a interrompu ses délibérations. Le commandant en chef de l'armée, les yeux brillants, s'est adressé à la nation. Netanyahu, parlant d'une tragédie à dimension "biblique", a repoussé sa rencontre avec l'envoyé américain Georges Mitchell pour assister aux funérailles et déclaré une journée de deuil national.

Cette histoire, c'est celle du mythe national israélien. Le drame d'une certaine israélianitude, éduquée et hautement morale, mais qui ne peut exister que dans son sacrifice. Le public s'est soudain vu ravi de l'espoir que cette histoire puisse en fait bien finir. Mais il n'y aura pas de deuxième astronaute nommé Ramon. Et cette histoire, ne fait que renforcer le mythe.

9 sept. 2009

"Mais où est Netanyahu?"


Où était Netanyahu lundi? La question fait frissoner de plaisir les antennes des journalistes de tout le pays. Disparu! Impossible de contacter son bureau! Pas d'entrée dans son emploi du temps. Pas d'employé bavard. Il fut un temps (pas si lointain) où ces disparitions étaient la marque d'une visite à très haut niveau avec les autorités d'un état voisin qui n'entretenait pas de relations diplomatiques avec Israel. De quoi enflammer la blogosphère, saturer les sites de journaux israéliens et faire enfler le débat sur les ondes.

La radio militaire a donné le ton. Un expert autodéclaré y a d'abord affirmé que Netanyahu rencontrait des représentants syriens en présence d'émissaires américains en Turquie, tandis que sur une autre station, on l'imaginait déjà en vol vers l'Arabie Saoudite pour négocier des survols en cas d'attaque contre l'Iran. Et puis, soudain s'est glissée l'idée de génie. Et s'il était en Égypte, pour rencontrer en secret les têtes du Hamas et négocier les détails de l'accord d'échange de prisonniers? Les médias se sont dépêchés d'aller interroger les parents de Gilad Shalit. Mais après 10 longues heures de spéculations est tombé un laconique communiqué militaire: il visitait une base secrète sans être sorti du pays.

La page d'acceuil du Jerusalem Post aujourd'hui

Boring? Pas du tout. Parce qu'en fait tout le monde sait que c'est faux! L'hypothèse la plus probable est celle d'une rencontre avec le président et l'état-major russe pour aborder le problème iranien. Le Jerusalem Post a d'abord décrit l'envol d'un jet privé lundi depuis un des terminaux abandonnés de l'aéroport Ben Gourion. Impossible alors de ne pas remarquer la scrupuleuse discrétion de Lieberman, et le timing parfait avec les révélations ces derniers jours de l'accostement et du détournement d'un navire russe par les commandos israéliens, qu'on avait cru être des pirates de la mer, alors qu'il transportait des armes vers l'Iran.

Ceux qui trouvent qu'il y a dans cette histoire un parfum de guerre froide n'ont pas tort... mais dans quel bloc serions-nous alors?

Update du 20/09: Medvedev confirme la visite de Netanyahu. Et apparement indique qu'Israel lui a confirmé ne pas s'appreter a attaquer l'Iran. C'est a se demander si il faut rire qu'on nous prenne encore une fois pour des imbéciles ou si l'endoctrination médiatique sur l'absolue nécessité d'une intervention est à ce point redoutablement efficace!

2 sept. 2009

"Bienvenue au Lishkat Giyyus"


Ce matin, j'étais convoquée déjà pour mon "Tsav Rishon" au Lishkat Giyyus, le centre de recrutement de Jérusalem. Il s'agit de d'établir mon profil militaire, c'est à dire ma capacité physique et psychique, sur 97. Viennent ensuite une batterie de test pour m'assigner un numéro sur 56 qui correspond aux capacités intellectuelles. Ces deux nombres vont déterminer les conditions de mon service dans Tsahal.


Le Lishkat Giyyus, c'est la maison des fous d'Asterix dans sa version hébraïque. Des fois, on se demande comment cette armée est même minimalement fonctionelle au vu du désordre général qui y règne, et surtout dans ses centres administratifs. À l'arrivée, une soldate me dévisage, toute absorbée dans sa conversation en russe sur son portable, et me colle un code barre bicolore sur ma carte d'identité. Je la déteste immédiatement: j'ai jusqu'ici réussi à préserver l'intégrité du plastique bleu qui l'entoure. Elle s'interromp et me fixe. "Une fois que tu auras passé ta carte dans le lecteur, il n'y a plus de retour en arrière".

Je monte. Je me trompe d'abord d'étage, qu'elle a oublié de m'indiquer.

Biiiiiiiiiip. "Perle, ton statut dans la queue est: 15ème. Attends avec patience sur les chaises jaunes". Elles sont toutes prises, je prends une rouge avec un rictus satisfait. Faut s'faire respecter des machines.

Passe une heure. La soldate qui m'appelle écorche mon nom. Elle commence le questionnaire de base. Le premier vrai sujet c'est de savoir à qui vont les indemnités si je meurs. Je lui rétorque que je n'y compte pas. Elle non plus. Tant mieux. Mais il lui faut quand même quelqu'un qui réside en Israël.

Passé ce point épineux, je lui raconte ma vie en essayant de lui en dire le moins possible. Elle s'intéresse à mes études et décide donc de ne pas suivre le questionnaire d'Hébreu. C'est l'avantage d'une administration où l'âge moyen est 18 ans, on s'arrange... À la place, je lui décris les différents domaines de la biomécanique, on en vient presque à papoter. Elle me dicte des phrases supposément incompréhensibles pour vérifier mon raisonnement linguistique. Il y en a une d'Agnon. On l'a expliquée en classe. Je ris de contourner le système un peu.

"Passe ta carte à l'ordinateur rouge" - biiiiip - Interview psychologique (comprendre interview vaguement personelle par une soldate ayant complété le cours de psychologie de 3 mois de l'armée). Non, je n'ai pas de pensées suicidaires. Certainement pas avec l'arme de service. Elle est satisfaite.

"Ordinateur violet" - biiiiiiip - contrôle de consommation de drogue. "Retourne à l'ordinateur rouge au troisième, puis redescend ici et repasse ta carte à l'ordinateur violet" - biiiiip biiiiip - examen de la vue. "Ordinateur bleu" - biiiiiiiiip - questionnaire et examen médical. Ca y'est j'ai atteint le profil maximal: 97. "Remonte au troisième, ordinateur vert" - biiiiiiip - tests psychotechniques. Les formes géométriques défilent sur l'écran, elles finissent par toutes se ressembler.

Cinq heures après mon entrée dans cet endroit khaki, j'ai fini! Pour l'instant en tout cas. En attendant la suite, je retourne à la vie civile et je m'empresse de trouver du dissolvant pour sauver ce que je peux du revêtement de ma carte d'identité...

1 sept. 2009

"Remplis le formulaire et paye au bureau de poste"


J'ai un appart! Enfin, une chambre plutôt. À deux, avec une collocataire, dans les résidences de la fac à Kiriat Yovel, où habitent la grande majorité des étudiants de médecine et sciences médicales en première année! Le bail commence le 15 octobre, juste à temps pour mon retour après quelques semaines en France...