Comme beaucoup de touristes en Israel, les étudiants de mon oulpan étaient pour la plupart obsédés par le conflit. Ils le prennent en pleine figure dès leur arrivée à Jérusalem. Il est partout et nulle part, dans cette peur irrationelle qui les surprend dans le bus du matin, ce mur gris qui défigure l'horizon du désert de Judée, ou ce questionnement permanent d'où passe la fameuse Ligne Verte. Et pourtant, c'est exactement ce qui les definit comme touristes.
Je n'y pense plus...
Je passe les portiques de sécurité de ma fac ou le garde du supermarché sans même y prêter attention, un soldat dans le bus sans plus voir qu'au coté de son sac pend un M16 chargé. Nous sommes les acteurs d'un conflit qui se joue autour de nous, malgré nous, et avec nous parfois. Il rythme nos histoires mais chacun s'applique à l'ignorer. Paradoxalement, tant qu'il sévit à petit-feu, son omniprésence le rend invisible.
Cette semaine, le journal du matin "Israel Aujourd'hui" donnait en première page des statistiques qui peuvent sembler surprenantes. 86% de la population se déclarent "heureux et satisfaits de leur vie". C'est plus qu'en France, plus qu'en Finlande, même plus qu'au Canada! C'est très simple: pour être heureux ici, il faut choisir de l'être.
L'Israélien aime se comparer à la figue de barbarie. Fragile mais piquant (ou plutôt piquant parce que fragile?), tout comme le fruit dantesque mais charnu, sous sa carapace bardée d'épines, qui pousse en été sur les cactus du pourtour méditerranéen. Certes, nos perspectives sont souvent claires-obscures mais le conflit ronge ceux qui ne se protègent pas de lui.
Et les copains de l'étranger? Ils sont comme nos touristes. Ils n'ont que l'image noire, peut-être tout aussi réelle, dépeinte par les faits bruts. Ils s'inquiètent! Souvent pour rien, mais on ne manque certainement pas de raisons de s'inquiéter nous aussi. Simplement nous les ignorons consciemment jusqu'à les oublier. C'est toute la différence entre vivre et survivre.
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