Entre Haifa et Tibériade, Karmiel. Sof ha-olam, smâlla comme le disent si bien les israéliens: non seulement au bout du monde, mais encore un peu plus loin à gauche. C'est l'archétype du bled, l'example parfait du trou perdu, l'idéale représentation de la petite bourgade dans sa version post-moderne. Un mall à l'américaine, une station Magen David Adom, un centre d'absorption¹, quelques écoles, des champs, et des villages arabes tout autour. Bienvenue en Galilée! Les coquelicots fleurissent sur les montagnes avoisinantes et tranchent d'un rouge vif le vert printanier de la campagne méditerranéenne.
Il y a des semaines qui marquent le passage d'une époque, et 10 jours d'instructions pour le Magen David Adom, transforment souvent autant l'instructeur que ses élèves. Entre séances de bandages dans l'abri anti-aérien, entrainements aux réanimations sous le soleil, vérifications de l'ambulance, activités sportives en respirant par une paille afin d'illustrer le mécanisme de l'asthme et questions nocturnes, certains d'entre eux se sont découverts plus sérieux, plus capables, plus assurés qu'ils ne l'imaginaient. D'autres se sont questionnés, pourquoi sont-ils là? Faut-il rester? Ou rentrer en France? Que sont ils venus chercher? Comment doit fonctionner un groupe? Nos participants, engagés dans un programme d'exploration personnelle pour jeunes francophones en Israel, cherchent cette année leur propres réponses aux questions identitaires qui parfois les taraudent.
Alors à nous de fournir des bases de réflexion. Eh oui, nous. C'est Liora, qui enseigne avec moi, qui me le fait remarquer. J'ai franchi le pas, 9 mois après ma propre arrivée, je fais maintenant partie des israéliens. On parle donc de sionisme, d'études, de politique, d'aliyah, d'armée, autant que de pneumothorax et de tamponnade cardiaque.
Difficile de leur promettre dans ce pays autre chose que l'épique traversée d'un champ de roses. Les couleurs y sont magnifiques, leur beauté enivrante, et le parfum subjuguant, mais entre épines et piquants, se glissera sûrement à fleur de peau une discrète écharde qui ne se laissera plus oublier. L'essentiel est de continuellement faire fleurir l'espoir de prolonger toujours plus le précaire équilibre de leurs subtils pétales.
1. Centre d'absorption - Un centre d'accueil pour nouveaux immigrants. Ils reçoivent notamment les nouveaux arrivants de pays comme l'Ethiopie, l'Inde, l'Iran, le Yemen, pour accompagner leur acclimatation à la vie israélienne et l'apprentissage de la langue, mais aussi des jeunes bénévoles de toutes nationalités venus en Israel pour une période de volontariat. L'acceuil et la propreté sont variables, la nourriture y est invariablement déplorable...
2 commentaires:
C'est drole ce nom on vaporise koi au centre d'absorption?
perlinpinpin je ne sais pas d'ou tu tires tes metaphores mais c'est toujours plutot reussi! :o)
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