C'est une tragédie israélienne en deux actes. Une histoire de talent, d'avancée, de fierté nationale, d'espoirs fous, et de succès. Une histoire brutale aussi, avec une fin abrupte. Une histoire qui n'a pas son pareil dans l'ethos israélien depuis la mort en 1976 de Yoni Netanyahu durant les combats du raid sur Entebbe.
C'est d'abord l'histoire d'Ilan Ramon, pilote virtuose du raid contre la centrale nucléaire irakienne de 1981, qui devint le premier astronaute israélien, suivi religieusement par le pays tout entier. Et celle de ce matin de 2003 où les Israéliens virent s'éparpiller les débris incandescents du rêve, dans le ciel du Texas.
Mais dimanche, le drame familial des Ramon a pris une ampleur nationale. L'histoire est devenue celle d'Assaf Ramon qui, devenu pilote à son tour, a été tué par le crash de son F-16 dans les montagnes de Judée. Ce même F-16 que son père pilotait le jour du bombardement d'Osirak. Ce même Assaf Ramon que nous avions vu, en jeune cadet de l'armée de l'air, recevoir ses ailes avec honneur des mains de Shimon Peres en juin dernier.
La couverture du Yedioth Ahronot en ligne: "Le ciel est tombé par deux fois "
"6 ans après la catastrophe de la navette Columbia, Assaf Ramon, fils du pilote et de l'astronaute Ilan Ramon, est tué dans le crash de son F-16 au sud du mont Hebron"
La télévision et la radio ont suspendu leurs programmes. La Knesset a interrompu ses délibérations. Le commandant en chef de l'armée, les yeux brillants, s'est adressé à la nation. Netanyahu, parlant d'une tragédie à dimension "biblique", a repoussé sa rencontre avec l'envoyé américain Georges Mitchell pour assister aux funérailles et déclaré une journée de deuil national.
Cette histoire, c'est celle du mythe national israélien. Le drame d'une certaine israélianitude, éduquée et hautement morale, mais qui ne peut exister que dans son sacrifice. Le public s'est soudain vu ravi de l'espoir que cette histoire puisse en fait bien finir. Mais il n'y aura pas de deuxième astronaute nommé Ramon. Et cette histoire, ne fait que renforcer le mythe.
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