2 déc. 2011

"Jérusalem!"

  
Il a fait frais en Israël ce mois de novembre, de façon inhabituelle. J'écris peu. La pluie qui si soudainement était venue signifier la fin des jours d'été n'a d'abord plus semblé cesser. Transie de froid et d'eau glacée dans mon uniforme, j'ai arpenté les rues de Jérusalem, visité des immeubles en ruine, passé des auditions devant un jury de colocataires frileux, exploré des appartements en plus ou moins bonne compagnie, espéré, attendu. Et peut-être enfin trouvé. 

En attendant, les nuages ont fui, chassé par un vent poussiéreux, qui balaye le sable des rues et agite les bras ballants des glycines sur les terrasses. Le soleil à Tel Aviv perce entre les feuilles jaunies des allées et crépite sur les aspérités des murs blancs face à la mer. Mes cartons sont empilés, déposés chez Eléa. J'ai rendu les clefs de mon taudis à deux pas de la plage. Plus d'attaches.


Retour prévu à Jérusalem, donc. 
 
Une chanson populaire du groupe hiérosolymitain Hadag Nahash¹, entre hip hop et funk, et d'ordinaire plutôt à gauche, résume l'éternelle hésitation des jeunes laïques israéliens entre Tel Aviv et Jérusalem. L'exode n'en finit plus, les couples quittent la capitale pour le centre du pays, poussés dehors par la pression religieuse et le manque de logements abordables. Les relations avec la population ultra-orthodoxe se tendent avec les années, se cristallisent sur la place des femmes en société, alors même que Jérusalem se modernise enfin un peu. Bus séparés, et rues divisées ont fait leur apparition - à l'horreur de ceux qui rêvaient de voir la ville changer. Et pourtant, la vie laïque n'a jamais été aussi organisée et encouragée que sous cette municipalité. Fêtes de rues, festivals, concerts, nouveaux cafés, magasins branchés, maisons de disques et adresses ouvertes durant le shabbat, il existe une réelle toile de lieux réservés au public non-religieux, souvent étudiant.
 
Au shouk Makhane Yehuda, vente de kippa entre les légumes saisonniers

De nouveau, à voir et redécouvrir, et aussi sur ce blog - Jérusalem, la ville des contraires. Celle des ruelles du centre-ville la nuit, et celle de ceux qui ne les empruntent que le jour. Celle des militants de gauche qui habitent dans une implantation, et de leurs voisins "colons". Celle des religieux orientaux, méprisés par les ultra-orthodoxes d'Europe, et méprisants des communautés éthiopiennes. Celle d'Est en Ouest. Ancienne et moderne. Celle de pierre et celle juste rêvée...
 
1. Hadag Nahash: Pour ceux qui se demandaient, le nom du groupe signifie très littéralement "le poisson-serpent", mais c'est en réalité une contrepèterie à partir de la mention Nahag Hadash qui veut dire en Hébreu "nouveau conducteur".

2 commentaires:

Justin a dit…

Ca me manquait un peu de te lire... Jérusalem alors hein? Bonne chance! Trop heureux de voir que tu retournes à ce blog.

Ananim a dit…

Bonne chance pour ce retour au sacre - perso c'est vraiment comme ca que je le ressens, sans nuance, meme si j'entends bien tout ce que tu dis de cette ville...