15 nov. 2009

"Encore un peu de jachnoun?"


Les traces d'habitations dans l'ancienne Ashkelon remontent à l'âge de bronze. Les Canaanites, les Phéniciens, les Hébreux, puis les Romains transformèrent la cité en un rayonnant port antique avant qu'elle ne tombe dans l'oubli lors de la conquête mamelouke au temps des dernières croisades.

"Quand on était gamins, on traînait souvent sur le champ de fouille avec mon frère et on les voyait remonter des pièces par centaines..."

Adi m'entraîne vendredi dans l'Ashkelon moderne pour finir les courses avant que tout ne ferme, sa mère nous attend pour boucler les préparatifs de shabbat. Elle est fille d'une famille yéménite traditionelle, qui s'identifie fortement au secteur dit "Dati-Leoumi" (national-religieux). Fuyant les persécutions dans le golfe d'Aden, ses grands-parents ont immigré dans les années 50 et renforcé la communauté d'Ashkelon, alors encore balbutiante. La ville reconquise en 1948 compte aujourd'hui plus de 100000 habitants, même si sa proximité avec la bande de Gaza nous place tous à la portée d'une roquette du Hamas. Odeurs de jachnoun, de poulet aux raisins et de zaatar envahissent la maison...


Il y a quelque chose de spécial et d'un peu merveilleux dans cette famille restée à la fois si attachée à sa tradition, et pourtant si évidemment intégrée dans le magma de cette société qui se construit. Deux générations après l'aliyah, les vieux écoutent avec satisfaction la jeune génération qui conserve la prononciation bien spécifique des lettres gutturales et aspirées de l'hébreu qui depuis longtemps s'est perdue dans le reste de la population. Les prières aussi se font différement. On utilise l'ancien dialecte yéménite, très différent de celui des autres communautés séfarades mais réputé plus proche de l'Hébreu ancien, qui se transmet de pères en fils.

Kubaneh, piments forts, noix, helbeh et pitas au feu de bois... Dans la synagogue yéménite, chaque homme appelé à la Torah doit être capable de faire la lecture chantée du texte de la "parasha". Le petit Elia s'installe donc avec son oncle et son grand père pour apprendre le morceau de texte de la semaine chanté selon la tradition yéménite.

On se croirait bien loin de notre petit bout d'Orient... Dans un endroit ou encore règne la tradition orale, qui nous aussi nous fut transmise de la même facon, mais dans un salon parisien.

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